Ponte des libellules
En principe, toutes les libellules (dans le monde entier) n'ont qu'un seul point commun en ce qui concerne la ponte - seules les libellules femelles pondent des œufs :-)
Tout le reste varie d'une espèce à l'autre. Je montre ici à l'aide de quatre exemples à quel point la ponte peut être différente.
Chaque espèce de libellule a des exigences et des habitudes bien particulières !
Chaque libellule femelle veut ce qu'il y a de mieux pour sa progéniture, c'est pourquoi les femelles pondent leurs œufs dans les endroits où leurs petits ont le plus de chances de survivre. Mais les meilleurs endroits ne sont pas les mêmes pour toutes les espèces de libellules ! Les Caloptérygidés préfèrent certaines plantes au milieu de la rivière. L'Aeshna viridis ne pond ses œufs que dans une plante flottante spécifique, la Stratiotes aloides. Les Cordulégastridés trouvent les meilleurs endroits dans les endroits peu profonds, près d'une source froide. Les Sympétrums se sentent le mieux dans les endroits chauds et peu profonds des rives. Leste verts ne déposent leurs œufs que dans la zone riveraine au-dessus de l'eau, dans des branches de saule ou d'autres bois tendres. Les Coenagrions se posent volontiers en tandem sur les feuilles de nénuphar... etc.
Une ponte peut avoir lieu, selon l'espèce, en position assise ou en vol. Chez certaines espèces, le mâle est présent tout le temps, alors que chez d'autres, on ne le voit presque jamais à la ponte. La présence ou l'absence d'un mâle lors de la ponte dépend souvent de l'importance de la concurrence dans les eaux. Chez les Aeschnidés, il est courant qu'un mâle s'approprie entèrement un petit plan d´eau. Les mâles de l'Anax empereur sont particulièrement virulents lorsqu'il s'agit de défendre leur territoire. Un deuxième mâle n'est presque jamais toléré sur le plan d´eau, à moins que celles-ci ne soient suffisamment grandes.
Les femelles des Aeshnidés pondent toujours leurs œufs seules. Les mâles défendent leur territoire immédiatement après l'accouplement, c'est pourquoi les mâles ne doivent pas craindre que la femelle s'accouple avec d'autres mâles. Les femelles des Aeshnidés pondent presque toujours leurs œufs dans les eaux stagnantes, dans les plantes ou le bois mort. Chaque espèce préfère des plantes légèrement différentes, certaines femelles préfèrent pondre leurs œufs près de la rive, d'autres se tiennent plus éloignées de la rive.
La femelle de l'Aeschne mixte dépose ses œufs seule dans les roseaux, tout près de la rive. Pour ce faire, elle pique la plante avec son dard pour y déposer ses œufs. L'ensemble du processus peut prendre un certain temps, car la libellule femelle est très sélective et l'enfoncement des œufs est également relativement long.
Sur la vidéo, on voit comment l'aiguillon de ponte de l'Aeschne mixte femelle pénètre dans les feuilles des plantes. Dans le film original, on peut voir que la femelle vole d'une feuille à l'autre et place ses œufs partout.
Les Sympétrums ne sont presque jamais seuls. Les mâles n'ont aucune chance d'empêcher tous les autres mâles de Sympétrums de s'approcher d'un plan d´eau. Ce n'est d'ailleurs pas leur genre d'essayer. Les mâles se livrent certes à des combats territoriaux acharnés, mais le territoire revendiqué se limite généralement à deux à cinq mètres de rive. Pour éviter qu'un deuxième mâle ne féconde la femelle, le mâle reste avec la femelle après l'accouplement jusqu'à ce que celle-ci ait pondu ses œufs. Le mâle est alors très actif, il projette la femelle en vol de manière à ce qu'elle puisse déposer ses œufs à un endroit approprié. Sur la vidéo, on voit un tandem lors de la ponte. En haut, le mâle et en bas, la femelle. Si vous regardez bien, vous pouvez voir à l'extrémité de l'abdomen les œufs de la Sympétrum fascié sous la forme d'une petite zone blanche. En ralenti 10 fois, on voit très bien la ponte, mais en temps réel, la ponte est si rapide qu'on ne peut que deviner ce qu'ils sont en train de faire.
Les Caloptérygidés vivent dans des eaux courantes claires et naturelles, qu'il s'agisse de ruisseaux, de canaux ou de petites rivières. Il existe 4 espèces de Caloptérygidés en France, le Caloptéryx éclatant étant un peu moins exigeant et donc plus fréquent. Les 4 espèces pondent leurs œufs presque de la même manière. La ponte de ces deux espèces a l'air très dangereuse. Après l'accouplement, la femelle Caloptérygidés se sépare du mâle et, après une courte pause, s'envole vers les plantes aquatiques du territoire du mâle. La femelle pique les premiers œufs dans la plante au-dessus de l'eau, puis elle s'enfonce de plus en plus dans l'eau pour y piquer ses œufs. Après quelques minutes, la femelle est complètement immergée. En s'immergeant dans l'eau, une bulle d'air se forme autour de la libellule, cette bulle protège la femelle de l'eau et lui donne l'air nécessaire pour respirer. Pendant plus d'une demi-heure, la femelle Caloptérygidés peut pondre ses œufs sous l'eau. Le mâle est toujours à proximité et surveille la femelle pendant la ponte.
Les Coenagrions sont souvent présents en grand nombre sur un même cours d´eau, les mâles n'ont que de très petits territoires et doivent veiller, lors de la ponte, à ce que la femelle ne soit pas à nouveau fécondée par un autre mâle après l'accouplement. C'est pourquoi le mâle reste avec la femelle pendant toute la durée de la ponte. Les deux forment un tandem, le mâle est en haut et la femelle en bas. Lors de la ponte, la femelle aime se percher sur les plantes aquatiques pour y piquer ses œufs. Le mâle s'accroche tout le temps au "cou" de la femelle avec ses appendices anaux (cerques). La ponte illustrée ci-dessous est typique de nombreuses espèces de Coenagrion.